Depuis 1902, la pénétration économique et militaire européenne s’est intensifiée au point que le sultan Moulay Abd al-Hafid, frère de Moulay Abd al-Aziz, est contraint de signer en 1912 le traité de protectorat qu’est la convention de Fès.
Le traité institue, à partir du 30 mars 1912 le régime du protectorat français. En octobre de la même année, le sous-protectorat espagnol est mis en place sur le Nord du Maroc.
En zone française le pouvoir exécutif est incarné par le résident général, représentant de la France, qui dispose d'une assez large liberté de manœuvre. Le sultan et son makhzen sont maintenus comme éléments symboliques de l'Empire chérifien, l'autorité réelle étant exercée par le résident et ses fonctionnaires et officiers (contrôleurs civils et militaires). Suite au départ de Lyautey en 1925, la résidence devient néanmoins sensible aux pressions exercées par les puissants lobbys coloniaux, représentés par les patrons de la grande industrie et les chambres d'agriculture. Le Maroc connaît en effet une expansion économique importante, illustrée par le développement fulgurant de Casablanca et de plusieurs infrastructures (routes, voies ferrées, barrages, usines, urbanisation) en règle générale. Par conséquent, se forme un puissant milieu capitaliste européen qui dispose de groupes de pression parfaitement organisés, aussi bien à Rabat qu'à Paris. Un tel essor économique accroît évidemment le fossé des inégalités, et à l'exception d'une poignée de dignitaires locaux liés à la résidence, le peuple marocain subit le sort dramatique d'oppression et d'exploitation partagé par tous les autres peuples colonisés. Une politique de colonisation de peuplement inspirée par l'exemple de l'Algérie française se met également en place, encouragée par les résidents successifs. À la veille de l'indépendance en 1956, la population européenne du protectorat s'élève ainsi à 400 000 personnes. C'est de cette époque que datent les grandes entreprises-clés de l'économie marocaine, tels que le groupe ONA et l'Office chérifien des phosphates et de manière plus globale d'importantes données sociales et politiques du Maroc contemporain.
La zone espagnole dispose d'une organisation assez semblable à la zone française, avec un résident général nommé par Madrid. Le sultan est représenté par un khalifa, lequel réside à Tétouan, capitale du protectorat hispanique. Ce territoire ne connaît pas de développement économique comparable à la zone française, mais joue un rôle décisif dans l'avenir de l'Espagne. C'est en effet depuis Tétouan et Melilla qu'éclate le coup d'État (pronunciamento) du général Franco, commandant des troupes coloniales du Maroc (Légion espagnole des tercios et unités regulares) contre la République espagnole le 17 juillet 1936. Cet événement marque le début de la guerre civile espagnole.
La ville de Tanger quant à elle constitue une zone internationale au statut particulier défini en 1923. Cette entité est régie par une commission de huit puissances étrangères dont les États-Unis. Le mendoub, haut fonctionnaire du makhzen, est le délégué du sultan, mais la réalité du pouvoir appartient aux membres de la commission internationale.
De l'idée d'indépendance à l'indépendance réelle
28 août 1930 : signature à Salé du manifeste contre le Dahir Berbère promulgué en mai 1930 et première prise de conscience politique des nationalistes.
1934 : création de l'Action marocaine.
18 novembre 1934 : célébration à Salé de la première fête du trône.
1937 : scission de l'Action marocaine : Mohamed Hassan El Ouazzani fonde le mouvement populaire qui deviendra après la Seconde Guerre mondiale en 1946, le Parti démocratique de l'indépendance (PDI) tandis qu'Allal El Fassi crée le Parti national, qui se transformera en Parti de l'Istiqlal (PI) en décembre 1943.
11 janvier 1944 : signature du Manifeste de l'indépendance par 67 leaders nationalistes toutes tendances confondues, les manifestations de soutien sont sévèrement réprimées et de nombreux leaders emprisonnés.
1947 : le sultan Mohammed Ben Youssef prononce le discours de Tanger, réclamant l'indépendance du pays et son intégrité territoriale. Ce discours provoque le limogeage de Labonne considéré comme trop tolérant envers les nationalistes. Il est remplacé par le général Alphonse Juin, qui inaugure une logique de confrontation avec le sultan et l'ensemble du mouvement nationaliste marocain.
20 août 1953 : exil du sultan Mohammed Ben Youssef et de la famille royale en Corse puis à Madagascar (Antsirabé). Un nouveau sultan âgé de 70 ans, Mohammed ben Arafa est élu par les Oulémas avec l'appui du pacha de Marrakech, Thami El Glaoui. Cette décision engendre des émeutes populaires à Casablanca, durement réprimées. L'Espagne de Franco, non prévenue de cette manœuvre, refuse de reconnaître sa légitimité.
1953 : le général Augustin Guillaume, successeur de Juin au poste de résident, pour sa première visite officielle à Agadir échappe à de peu à un accueil aux cocktails Molotov préparé par le PDI.
20 août 1953 : Déclenchement de la révolution du Roi et du peuple.
Manifestations fréquentes où l'on remarque la présence en grand nombre de femmes aux cris de « yahya el malik Mohammed al khamis !! ».
mai 1954 : le gouvernement français est de plus en plus malmené face à la pression internationale exercée par les États arabes via l'Organisation des Nations unies : le général Guillaume tenu pour responsable de cette situation est remplacé par un civil, Francis Lacoste.
23 août 1955 : rencontre franco-marocaine à Aix-les Bains au cours de laquelle il est décidé de déposer Ibn Arafa.
La France, empêtrée dans la guerre d'Algérie, décide d'aborder la question marocaine. Edgar Faure, président du Conseil, négocie avec Mohammed Ben Arafa : des pré-pourparlers de négociation sont menés à Aix-les-Bains (Savoie) entre le 22 et le 26 août entre, côté marocain : Si El-Hadj El-Mokri, Grand Vizir, Si Kolti, délégué du Grand Vizir aux PTT, Si Thami El-Mosbi, délégué du Grand Vizir aux Finances, Si Berrada, Vizir adjoint au Grand Vizir pour les affaires économiques, Si Abderrahaman El-Hajoui, directeur adjoint au protocole et S.E. Hadj Fatemi Ben Slimane, ancien pacha de Fès, et côté français : Edgar Faure, président du Conseil, Antoine Pinay, ministre des Affaires étrangères, Robert Schumann, garde des Sceaux, Pierre July, ministre des Affaires marocaines et tunisiennes et le général Koenig, ministre de la Défense nationale. Le sultan Moulay Ben Arafa démissionne le 1er octobre 1955.
6 novembre 1955 : le gouvernement français reconnaît le principe de l'indépendance du Maroc.
16 novembre 1955 : retour triomphal de Mohammed Ben Youssef, futur roi Mohammed V, à Rabat-Salé.
18 novembre 1955 : Sidi Mohammed Ben Youssef célèbre la fête du trône à la Tour Hassan de Rabat
15 février 1956 : visite de SM Mohammed V en France. Ouverture des négociations franco-marocaines sur l'indépendance du Maroc et l'abrogation du traité de Fès de 1912 établissant le protectorat français sur le Maroc. Le parti de l'Istiqlal représenté par Abderrahim Bouabid, Mohamed Lyazidi et Mehdi Ben Barka ainsi que le PDI (Parti pour la démocratie et l'indépendance) représenté par Abdelhadi Boutaleb et Ahmed Cherkaoui participent à ces négociations.
7 mars 1956 : Mohammed V annonce au peuple marocain l'indépendance du Maroc. Le sultan Sidi Mohammed ben Youssef prend le titre de roi Mohammed V, son fils Hassan II lui succède en 1961, puis son petit-fils, en 1999, Mohammed VI.
7 avril 1956 : un accord est signé à Madrid entre Mohammed V et le général Franco mettant fin à la souveraineté espagnole sur le nord du pays. Le 20 octobre, la zone de Tanger, qui était soumise à un statut international particulier, est elle aussi réintégrée au Maroc.
Le Maroc moderne (depuis 1956)[modifier]
Article détaillé : Histoire du Maroc depuis 1956.
Règne de Mohammed V[modifier]
L'Espagne à son tour reconnaît l'indépendance du pays le 7 avril 1956 avant de restituer le protectorat de Tétouan. Enfin le statut international de Tanger est aboli le 21 octobre de la même année et le port réintègre officiellement le Maroc.
Durant les premières années après l’indépendance jusqu'en 1960, la politique marocaine consiste à reconstituer le « Grand Maroc » comprenant la Mauritanie, une partie de l'Algérie, le nord-ouest du Mali voire l'archipel des îles Canaries, projet dans lequel le roi ne voulait pas être débordé par le parti de l’Istiqlal. Après le retrait d'Allal El Fassi, l'abandon de cette idéologie se confirme par la reconnaissance officielle de la Mauritanie par le gouvernement de Rabat.
Hassan II[modifier]
Le 3 mars 1961, à la mort de son père, Hassan II est proclamé roi du Maroc. Les années 1960 sont marquées par un climat politique tendu, avec la disparition du chef de l'opposition de gauche et leader du tiers-monde Mehdi Ben Barka en 1965. Cette même année Casablanca est agitée par de graves émeutes sociales. Le régime instaure un état d'exception jusqu'en 1970. Cette décennie ouvre ainsi la période des années de plomb au Maroc.
La tension politique latente, consécutive à l'état d'exception, se manifeste par les tentatives de coups d’État militaires du général Medbouh et du colonel M'hamed Ababou contre le palais de Skhirat (1971), ainsi que du général Oufkir contre le Boeing royal en plein vol (coup d'État des aviateurs de 1972). En 1973, et ce afin d'atténuer ces tensions, Hassan II procède à la « marocanisation » des derniers domaines agricoles appartenant à des colons français. Il envoie également un corps expéditionnaire marocain combattre aux côtés des autres armées arabes durant la guerre du Kippour contre Israël. Mais c'est surtout vers les territoires du Sahara occidental sous domination espagnole (que les Marocains revendiquent comme Provinces du Sud) que se porte l'attention du monarque, à partir de 1975.
En 1969, l'Espagne rétrocède l'enclave d'Ifni, onze ans après le territoire de Tarfaya, mais la décolonisation du Sahara est incomplète, puisque le Rio de Oro et le Seguia el-Hamra connaissent encore l'occupation franquiste. C'est précisément au lendemain de la disparition du vieux Caudillo phalangiste que le Maroc entame une récupération planifiée de ces territoires, connue sous le nom de Marche verte.
Règne de Mohammed VI
En 1999, Mohammed VI succède à Hassan II et maintient El Youssoufi au poste de Premier ministre jusqu'en 2002. Succèdent à El Youssoufi Driss Jettou puis Abbas El Fassi à partir des élections de 2007 qui ont vu la victoire de l'Istiqlal.
Au début du XXIe siècle, le Maroc se trouve confronté à un certain nombre de crises et de défis : conflit de l'îlot Persil avec l'Espagne en 2002, terrorisme avec les attentats du 16 mai 2003 à Casablanca87,88,attentat du 28 avril 2011 à Marrakech89,90,91,92et émeutes sociales de Sidi Ifni en 2008, qui font ressortir toutes les problématiques de ses enjeux nationaux et internationaux.
Le Maroc est touché en 2011 par le printemps arabe et connaît une série de manifestations populaires, Le roi fait alors approuver une nouvelle constitution par référendum. Les élections législatives qui s'ensuivent sont remportés par les islamistes du PJD.
Histoire du Maroc
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